
Si vous aviez ouvert votre Petit Méridional en ce 10 juin 1897, confortablement installé dans votre fauteuil, ou sur une chaise de la cuisine, le journal posé sur la table, à côté d’une bouteille de vin, et d’une grosse miche de pain, comme il était plus fréquent, vous auriez pu prendre connaissance d’un article qui vous aurait donné les grandes tendances de la situation sanitaire de votre ville de Montpellier dressé par le docteur Charles Alexandre Gerbaud. Ce dernier, installé à Montpellier jusqu’à son décès en 1918, était né près de Sarreguemines en 1858. Il avait fait ses études à la faculté de Montpellier et y avait soutenu en 1881 une thèse de doctorat intitulé « Nouvelles recherches cliniques sur les avantages de la ligature du cordon ombilical« . Ses premiers travaux témoignaient de son intérêt pour la santé des nourrissons, un thème que l’on retrouve dans cet article, notamment avec les préconisations hygiéniques formulées aux mères à la fin de l’article.
M. le docteur Gerbaud nous communique les observations suivantes :
Bilan sanitaire
La situation sanitaire en mai est comparable à celle du mois d’avril. La mortalité moyenne a été de 1,71 par 1000 habitants, c’est-à-dire légèrement supérieure à celle du mois précédent, représentée par le chiffre 1,57.
La différence, on le voit est peu sensible et par conséquent très rassurante.Les maladies contagieuses qui avaient régné pendant le premier trimestre de l’année ont presque totalement disparu; elles sont représentées par 5 cas, dont un seulement pour la ville.
Les maladies courantes ont fourni un contingent de décès un peu inférieur à la moyenne.
Il résulte de ces constations que la moyenne pour le mois précédent aurait dû être bien inférieure à celle du mois d’avril.
Mais une affection saisonnière dont on ne peut mettre en doute l’importance dans notre région surtout : la diarrhée infantile est entrée en scène un peu prématurément, et à elle seule, a déterminé 13 décès. Ce chiffre représente la moitié des décès survenus chez les enfants de moins de deux ans.
Préconisations hygiéniques
La plupart des victimes sont des enfants prématurément sevrés et nourris au biberon dans des conditions défectueuses. Au point de vue topographique, les cas se sont produits particulièrement dans les faubourgs, ainsi que cela arrive d’ordinaire; mais cette constatation ne saurait servir de conclusion, car la population infantile est de beaucoup plus élevée dans certains faubourgs que dans le centre de la ville et la proportion de décès dus à la diarrhée est sensiblement la même partout.
Les parents doivent redoubler de soins en cette saison, pour tout ce qui concerne l’alimentation des enfants, et notamment veiller à la qualité du lait employé, à la propreté des ustensiles qui le contiennent et à la parfaite cuisson de tous les aliments qui leur sont destinés. »
1 commentaire
Bonjour,
Il doit y avoir un problème avec le taux de mortalité annoncé ?
A vérifier…