
Portrait par Nattier, 1744
Musée du Louvre.
« Grosse douairière, toute bouffie, gorgée, soufflée, boursoufflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne et qui zézayait en parlant pour se razeunir« ,
Mme de Créqui
« Grosse douairière, toute bouffie, gorgée, soufflée, boursoufflée de santé masculine et de sensibilité philosophique, qui se faisait ajuster et coiffer en petite mignonne et qui zézayait en parlant pour se razeunir« , tel était le portrait de cette illustre montpelliéraine, haute et puissante dame, Anne-Josèphe Bonnier de La Mosson, fille du richissime trésorier de la Bourse des Etats de Languedoc, Joseph Ier Bonnier, devenue par mariage duchesse de Chaulnes, dont le portrait présenté en illustration semble bien loin de ce qu’en écrivaient les chroniqueurs de son temps
Sa future belle-mère, avait dit en 1734, pour vanter les charmes au futur époux, son fils, le « très haut et très puissant seigneur, monseigneur Louis Auguste d’Albert d’Ailly, duc de Chaulnes, pair de France, chevalier des ordres du roy, capitaine-lieutenant des Deux cens chevaux légers de la garde ordinaire de sa majesté, et lieutenant-général de ses armées« , de celle qui était décrite comme « une sorte de mâle désagréable » ornée d’une moustache, qu’il fallait bien du « fumier pour engraisser les terres« … Du fumier elle en avait apporté à cette famille illustre, puisant ses origines dans la France capétienne, descendant du célèbre Luynes, favori de Louis XIII, pour fumer des terres qui étaient bien maigres.
« Epouser une folle à cause de son argent »
Devenue veuve, elle alla fumer d’autres terres, celles d’un conseiller au Parlement de Paris, M. de Giac, qui consentit en raison de sa richesse, à « affronter cette exubérance de chairs, de ridicules et de moustaches« . « La femme à Giac » comme on la qualifiait mourut en 1782 après une vie qui « n’avait été qu’une longue jeunesse que n’avait jamais éclairé l’expérience« …
Dans ce tableau daté de 1744, le très grand peintre Jean-Marc Nattier a réalisé ce portrait qui semble bien loin de la réalité des sources documentaires… Elle y est représentée en Hebé, personnification mythologique de la jeunesse éternelle. Cette différence entre l’oeil du peintre et la plume de ses contemporains, peut apparaître comme le témoignage que la vieillesse est un naufrage ou que la Cour au 18ème siècle était perfide…
A chacun de se faire une idée…